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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 12:47
Bordeaux by night !

Romuald nous retrace sa belle virée nocturne dans Bordeaux, un 9e marathon bien arrosé ! Mais son récit donne très envie !!

9ème marathon sur lequel je m'aligne en six ans, Bordeaux est à marquer d'une pierre blanche dans cette série : marathon nocturne, ambiance de folie, très fortes pluies pendant le premier tiers. Je le finis en 3h56 et quelques secondes, mission accomplie.
Tout a commencé vers 17h : les nuages qui se sont amoncelés depuis le début d'après-midi déversent des pluies abondantes. Le temps est maussade, gris, déprimant, j'ai la tentation de rester au chaud dans ma chambre d'hôtel. Je me prépare quand même, sans enthousiasme : dossard ? épinglé ! crème anti-frottements ? appliquée aux endroits stratégiques ! délestage de fluides corporels ? accompli plutôt deux fois qu'une ! poudre de perlimpinpin ? diluée dans la gourde ! gel ou pas gel ? c'est dégueu, mais bon allez, gel ! casquette ou pas casquette ? tête nue ! gilet imperméable ? non, il fait assez doux, tant pis pour la pluie mais je crèverai de chaud si je m'en équipe ! Je quitte l'hôtel le plus tard possible, à 19h, et je trottine doucement pendant 2 kms jusqu'à la zone de départ, sur les quais en face de la place des Quinconces. Il pleut vraiment fort, pfff... Je croise une collègue dont c'est le premier marathon, ça s'arrose. Justement, la pluie redouble. Je m'abrite un peu, puis rejoins mon sas. 20 minutes sous la pluie, le froid et l'humidité s'insinuent dans mon corps par les pores de ma peau. Je m'enferme dans ma bulle, je laisse juste la voix du speaker y pénétrer. Alain Juppé prend le micro et fait de l'humour, vantant le climat tempéré de sa région ("vous n'aurez pas à craindre la chaleur") et conclut par un "marathon pluvieux, marathon heureux". Je suis transpercé par la pluie, la voix du speaker devient insupportable, je l'éjecte de ma bulle.

20h, c'est le départ, enfin. Cinq minutes à piétiner avant de passer la ligne, puis les premières foulées et une douce chaleur qui diffuse rapidement dans tous les membres. Je vais tenter de suivre les meneurs d'allure de 3h45. Problème, la pluie a provoqué une lancinante envie d'uriner, il faut que je m'arrête, une haie va faire l'affaire. Les meneurs d'allure ont déjà disparu, je suis même doublé par la flamme verte des 4h. Pas de problème, je me sens bien, j'accélère un peu pour rattraper "mes" meneurs. Je les aperçois à nouveau devant moi, dans le virage vers le pont Chaban Delmas (ouvrage superbe), je vais pouvoir les rejoindre. Mais je ressens des sensations bizarres un fois arrivé en bas du pont. Des papillons dansent devant mes yeux, j'ai des vertiges, et l'impression que mon cerveau déconnecte lorsque je ferme les paupières. Je ralentis et vois s'enfuir les meneurs de 3h45. Tant pis. Ces sortes de court-circuits créent une sensation très désagréable et assez inquiétante, je suis maintenant trempé et j'ai à nouveau froid, je vais devoir abandonner. J'en suis en tout cas convaincu à ce moment-là. Ce n'est quand même pas lié à mon régime pré-marathon, où j'ai rendu hommage à quelques mets et vins bordelais ? Nooon, im-po-ssible. J'attrape le gel coup de fouet que j'avais failli laisser à l'hôtel. Je le gardais pour le mur du 30ème, mais c'est une urgence absolue. Il va falloir 3 kms pour que mon métabolisme se remette en place, le marathon commence vraiment pour moi vers le 9ème km. Il n'y a cependant pas péril en la demeure, je vais franchir les 10 premiers kms en 53'. Ce n'est pas assez rapide pour 3h45, mais je suis maintenant concentré, facile, bien dans mon rythme. Rien à signaler jusqu'au semi, que je boucle en 01:53. Enfin si, quand même. La nuit est tombée en avance, les lourds nuages noirs ayant totalement occulté la lumière du jour. Les premiers ravitaillements se font plutôt à l'eau claire (L'Eau des Abatilles, l'eau officielle du marathon de Bordeaux vantaient les affiches). C'est un marathon bio. Pas de coca, pas de boisson énergisante powermachin. De l'eau, du sucre, des fruits secs, des bananes, des oranges. Ma foi, pourquoi pas. Je ne connais plus de problème de digestion d'aliments solides sur les marathons, ça va aller, et puis j'ai ma gourde pleine en réserve. La pluie s'est arrêtée, on est sorti de Bordeaux, et nous arrivons à Pessac. Ce n'est probablement pas plus terrible que la banlieue nord qu'emprunte le marathon de Toulouse, mais de nuit ça a son charme. Car c'est vraiment LA super idée ce marathon nocturne. Outre les lumières et les sensations, c'est le week-end, et les bordelais sont massivement sortis de chez eux pour acclamer les champions d'un jour. L'ambiance est chaude, et ça va aller crescendo. Incroyable ! Mais revenons à Pessac, une ville presque comme une autre, sauf que le parcours nous réserve deux surprises, puisque nous allons traverser deux domaines viticoles, le Château Pique Caillou et un autre que je n'identifie pas. Le marathon s'y transforme à chaque fois en cross sur chemins boueux. C'est pas super bien éclairé, pas mal de coureurs ralentissent. C'est cela dit très sympa, mais je ne sais pas si les propriétaires de ces domaines avaient bien anticipé l'impact de milliers de coureurs sur les chemins, dorénavant transformés en pistes pour sangliers. On revient ensuite vers Bordeaux via Talence. Partout du monde, des encouragements. De ci de là des étudiants qui font la fête et qui nous invitent à revenir pour un after. Chiche ! La bonne idée aussi d'un marathon nocturne est qu'une fois revenus dans Bordeaux on va pouvoir longuement zigzaguer dans la ville pour visiter tous les lieux qui en font le charme, sans subir les contraintes du dimanche matin. C'est ainsi qu'à Toulouse, les marchés du dimanche ne permettent pas de tracer un circuit sur les bords du canal, ou encore autour de St Sernin. En dehors de ces contraintes, il est cela dit inexplicable que le marathon de Toulouse ne fasse pas mieux découvrir le patrimoine de la ville (bords de Garonne, St Cyprien, St Etienne...). Ça explique peut être aussi que Toulouse plafonne à 3500 marathoniens après quelques années d'existence alors que Bordeaux fait le plein dès sa première édition avec plus de 15000 participants toutes courses confondues !

Mais revenons à Bordeaux. Les bordelais ont massivement bravé la pluie pour encourager les coureurs (ils ont l'habitude de la pluie susurre en moi le toulousain jaloux de ses voisins bordelais). L'ambiance en centre-ville est de plus en plus extraordinaire. L'adhésion de la population fait chaud au cœur. Et on en a besoin, car on va rentrer dans le dur. Et c'est aussi à ce moment-là que les erreurs de jeunesse d'un premier marathon vont apparaître. Vers le 30ème km, on rejoint les coureurs du semi-marathon significativement plus lents que nous, avec qui on va partager le parcours jusqu'à la fin. C'est assez usant de devoir les doubler. Du coup, certaines rues, qui auraient pu sans difficulté laisser passer un flux de marathoniens décanté par 30 kms de course, s'avèrent trop étroites. L'an prochain il faudra mieux calculer le décalage entre les deux épreuves ! Je crois qu'on y a laissé pas mal d'énergie, à un moment où le corps commence à puiser avec difficulté dans toutes ses réserves. Le problème est accentué dans certaines rues où on se croit au Tourmalet, tellement le public, enthousiaste et nombreux, réduit l'espace des coureurs. C'est très agréable, mais il devient alors quasi impossible de doubler les nombreux semi-marathoniens et on piétine. À un moment on va passer par un jardin public. Moment assez magique, mais la semi pénombre finit par poser problème, d'autant plus qu'un des relais va être pris à ce niveau là. Bon, c'est pas grave, je n'aurais pas fini beaucoup plus vite sans ça, mais c'était peut être un peu dangereux, même si les bancs publics ont été bardés de bottes de paille. Je manque à deux reprises de trébucher sur le concurrent de devant qui lui-même avait hésité devant un obstacle. On va ensuite longer l'esplanade des Quinconces, le grand théâtre, la cathédrale, puis on tourne encore et encore dans les rues du centre. Je n'ai pas vraiment l'impression de ralentir, je jette un œil à ma montre (j'ai récemment investi dans un de ces petits bijoux de technologie) qui, impitoyable, m'indique que je suis tombé à moins de 10 km/h. OK. J'essaie de relancer, mais c'est difficile. Une gazelle blonde me double et s'évanouit dans la nuit. Bon soit, je vais gérer jusqu'à l'arrivée. A moins d'un accident, je vais confortablement finir sous les 4 heures. Dans l'absolu c'est moyen, mais pour mon niveau c'est très satisfaisant. Je n'ai mal nulle part, les endorphines me font planer, la nuit est belle, les encouragements sont nombreux, les lumières de la ville composent un beau spectacle nocturne. Sons et lumières. Bon, où en est-on ? C'est beau, on ne se lasse pas des cris de la foule en délire, mais je fatigue quand même un peu. Ah, le cours d'Alsace et Lorraine, ça sent la fin. On s'engage place du palais, on passe sous la porte Cailhau pour déboucher sur les quais. La place de la bourse est en vue. 300m, 200m, 100m, un beau tapis bleu annonce les derniers mètres, je déroule. L'arrivée, enfin. En 3h56 et quelques secondes. Super, bonne gestion, je n'ai pas tapé dans le mur, mais j'ai progressivement ralenti vers la fin. Ah, dernier petit reproche aux organisateurs, le ravitaillement à l'arrivée : de l'eau est des quartiers d'orange. C'est très limite. Je me jette sur une pâte de fruit que j'avais emportée. Je profite encore un peu de ces instants et traîne sur la place de la Bourse. Il est temps d'aller dormir.

Je rentre tranquillement à l'hôtel à pied, où un pain d'épices m'attend, heureusement. J'aurai ensuite du mal à trouver le sommeil, trop d'adrénaline. Je sirote un thé, je m'étire, l'apaisement va finir par m'envahir. Le lendemain, j'irai déjeuner à la Vieille Auberge, à Casteljaloux. Je recommande vivement cet endroit pour y faire des recharges glucidiques, protéiques et tanniques. Je sais, l'apport tannique est parfois - à tort - négligé dans les revues spécialisées, mais c'est mon petit secret à moi que je vous livre bien volontiers. En l’occurrence un côte de Duras 2008 (Vieillefont, domaine Mouthes-LeBihan), un bel assemblage de Merlot, Malbec, Cabernet-Franc et Cabernet-Sauvignon, une belle robe, de la matière, un vin qui se révèle au fur et à mesure qu'il s'oxygéne en carafe. Une belle découverte, qui a magnifiquement accompagné un succulent foie gras mi-cuit accompagné de sa compotée de pomme, poire et pruneaux puis une belle pièce de bœuf finement nappée d'une sauce aux truffes, et enfin quelques fromages parfaitement affinés. Un gâteau au chocolat finira de reconstituer mes réserves caloriques. Je suis à nouveau gonflé à bloc.

Pour en revenir à la course, l'enseignement est que cette fois-ci je n'ai pas suivi de plan. J'ai fait du fractionné avec le groupe, des sorties longues le week-end, un trail de 31 kms début mars et un week-end trail fin mars. À l'exception des séances de fractionné avec le groupe, j'ai privilégié les sorties plaisir, et parfois un peu durci l'entraînement en me laissant guider par mes sensations. J'ai accumulé 270 kms en mars avec quelques 5000 m de D+, ce qui représente un gros volume d'entraînement pour moi. J'ai uniquement distillé 3 séances spécifiques pendant les 3 dernières semaines, du fractionné long (3x3 kms à 12 km/h + 1 km à 13 km/h). À méditer pour la prochaine fois.

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  • : Le groupe « Run à la fac », ce sont 60 coureurs qui se retrouvent par tous les temps au bord du Canal du Midi, sur les chemins des coteaux de Pech David ou sur des sentiers plus montagnards pour s’entraîner, se dépenser et partager un bel effort ! Créé en 2010 par Maria Semerjian, professeur d’EPS et passionnée de trail, au sein du Service des sports de la faculté des sciences Paul Sabatier de Toulouse, le groupe ne cese de s'étoffer et repart de plus belle à chaque rentrée.
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